Lors de la 19e édition de la Swiss Digital Conférence, Damien Fournier, CEO de Bright, a souligné l’importance d’une approche pragmatique dans la transformation digitale des entreprises. Il a mis en avant le rôle crucial du MVP (Minimum Viable Product) pour tester rapidement des idées sans investir massivement, tout en insistant sur l’importance de l’humain dans ce processus. En outre, la digitalisation doit être planifiée et exécutée avec une vision claire et une équipe dédiée pour surmonter les résistances au changement.
Pour les PME, il est essentiel de ne pas chercher à réinventer la roue, mais de documenter les opportunités, de chiffrer les actions et de piloter les projets avec rigueur. « Le digital doit apporter de la valeur à l’entreprise, pas simplement être une contrainte technologique », a précisé Damien Fournier.
La transformation digitale doit être abordée avec pragmatisme, en identifiant les opportunités et en documentant chaque étape pour maximiser la valeur. Le business design est ainsi une notion essentielle pour comprendre comment extraire la valeur ajoutée pour les clients et adapter son offre. « Il s’agit de disrupter les piliers stratégiques de l’entreprise en se demandant ce que le digital peut apporter à chacun d’eux. » Une fois ces piliers définis, un business plan permet de lister et de financer les projets digitaux.
Une approche « semi-agile » pour les PME
Damien Fournier n’est pas un fan de la notion d’agilité en entreprise, prônant plutôt une approche semi-agile. « L’agilité, c’est bien, mais elle nécessite des experts. Pour les PME, il est souvent plus réaliste de spécifier ce dont on a besoin, de chiffrer les coûts et de documenter les processus avant de se lancer. » Cette méthode permet de réduire les dérapages financiers et de mener des transformations digitales par petits projets.
Le MVP (Minimum Viable Product) est un autre élément central de sa stratégie. « Pour tester une idée, inutile de tout développer. Un prototype jetable suffit pour valider le concept avant d’investir davantage. » Il cite l’exemple de Petgen.com, un laboratoire 100% digitalisé, dont le système d’information complet a été développé en seulement 20 jours pour CHF 10 000.-. « Le site doit rester un élément jetable, car il évolue constamment. L’important, c’est de dissocier la partie visible (site web) du système de gestion. »
Ne pas hésiter à externaliser certaines tâches
Damien Fournier a rappelé l’importance de savoir qui fait quoi dans une transformation digitale. « Il faut internaliser les compétences stratégiques, comme l’analyse business, et externaliser ce qui peut devenir obsolète, comme le développement technique. » Selon lui, les chefs de projet sont la clé de cette transition, tandis que les rôles tels que l’UX ou le marketing peuvent être externalisés.
Pour conclure, il a évoqué l’avenir proche et l’émergence des agents IA autonomes. « Ces outils vont toucher tous les métiers, mais ils ne doivent pas nous remplacer. Il faut rester agile, confiant et créatif pour en tirer le meilleur parti. » Dans cette perspective, il insiste sur le fait que « la transformation digitale est avant tout une affaire humaine. Une vision puissante et un dirigeant déterminé sont les véritables moteurs du changement. » Ainsi, si la technologie est un outil précieux, c’est bien l’humain et sa capacité à s’adapter qui feront la réussite des entreprises de demain.
Propos recueillis le 30 janvier 2025 au Swiss Digital Center de Sierre